À la découverte de la classe inversée: le pourquoi

Comment se fait-il que certaines régions du Monde parlent  de  classe inversée depuis déjà deux ans et que j’en ai seulement fait connaissance il y a quelques mois?  Vous la connaissez?  Si vous lisez ce billet, il y a de fortes chances que vous êtes familiers ou familières avec celle-ci et/ou que vous cherchez, tout comme moi, à la comprendre davantage.  Pourquoi fait-elle fureur?  Pourquoi j’ai inversé ma pédagogie en début février 2012?  Voici quelques explications du pourquoi.

Dans l’article Warning : Flipping Your Classroom Might Lead To Increased Student Understanding Teaching Science and Math http://www.teachscienceandmath.com/2011/12/15/warning-flipping-your-classroom-may-lead-to-increased-student-understanding/, on précise qu’il s’agit d’une philosophie et non d’une stratégie.  En gros, le contenu magistral d’une leçon est enregistré et est rendu  accessible aux élèves.  Cette pédagogie fait donc appel à la technologie afin de faciliter la maîtrise de concepts mathématiques et scientifiques.  Les élèves ont donc la possibilité de s’approprier du contenu, d’activer leurs connaissances et de réfléchir aux notions de base à la maison.  L’article indique qu’il y a donc diminution de stress et d’anxiété chez l’élève qui prend donc tout le temps qu’il nécessite afin de s’approprier de la matière qui sera discutée lors d’un prochain cours.  Il ou elle  peut même  formuler des questions qui peuvent être posées avant le cours  ou qui peuvent être préparées à l’avance.  Ainsi, l’élève traite l’information, pense à celle-ci AVANT d’arriver en salle de classe.  Il y a donc  plus de temps consacré aux activités signifiantes, au travail collaboratif, au questionnement de haut niveau, et à la différenciation.  À mon avis, ce sont des préceptes qui rendent un cours riche et signifiant.  Ce sont des inévitables, des vérités de la pédagogie inversée, mais seulement si l’enseignant sait se prendre de la bonne façon.  Présentement, ces éléments ne sont pas toujours inclus dans le déroulement de mes cours, mais je les reconnais et je les vise.

J’aime bien que l’article souligne qu’il faut changer le statu quo, car le statu quo ne fonctionne pas.  J’ose dire qu’un élève dit typique n’est pas toujours motivé ou engagé à ses apprentissages.  Ce n’est pas facile de lui faire voir l’importance de toute tâche.  Que dire des élèves en difficultés dès la phase préparation d’un cours?  Comment activer des connaissances antérieures s’il manque des acquis?  Comment capter l’attention des élèves plus avancés qui fatiguent de ne pas être mis au défi dès le premier cours?  Il faut reconnaître que la pédagogie inversée fait appel aux TIC, ce qui accroche dès le départ la majorité des jeunes. Si bien fait, les TIC favorisent, facilitent et changent la discussion entre les élèves. J’ajoute ici une citation de Dan Meyer, enseignant de mathématiques et conférencier: Use multimedia, because it brings the real world in your classroom in high resolution and in full color. Son discours sur le site TEDX – Ideas worth spreading m’a à la fois marqué et inspiré d’être une meilleure enseignante qui sait accrocher les jeunes.  Voir sa vidéo au lien suivant : http://www.ted.com/talks/dan_meyer_math_curriculum_makeover.html

We all know how students like to interact with one another as well. Challenge students to create Skype study groups that meet on occasion to discuss their thinking on topics about which they are learning. Have them reflect on how these discussions are changing their thinking.  Voici ce que nous suggèrent Alan November et Brian Mull dans leur article Flipped Learning: A Response To Five Common Criticisms (http://www.eschoolnews.com/2012/03/26/flipped-learning-a-response-to-five-common-criticisms).  Les auteurs font voir avec clarté que la pédagogie inversée consiste en beaucoup plus que de simples enregistrements de vidéos.  Je réfléchis encore et toujours à leurs propos et j’encourage tout enseignant qui contemple la pédagogie inversée de lire et relire cet article.  Les auteurs fournissent d’excellents conseils, entre autres,  face au nouveau rôle que joue l’enseignant, l’interaction nécessaire entre élève-vidéo, élève-enseignant, élève-élève, le besoin de variété quant aux vidéos,  l’imputabilité de l’enseignant, etc.  Cet article force un questionnement et une réflexion qui mènent à d’autres lectures de d’autres auteurs.

J’ai inversé ma pédagogie en salle de classe, car je jugeais que je pouvais mieux répondre aux besoins des élèves, aux exigences des parents et à mes besoins professionnels et personnels.

Quant aux élèves et parents, il faut comprendre la dynamique à mon école. Tout enseignant de mathématiques, enseignant de français, enseignant ressource et  membre de la direction tiennent  des suivis aux 6 à 8 semaines avec les parents de tout élève ayant un plan d’intervention (académique, comportemental ou autre).  Ces suivis ont lieu avant ou après les heures de classe et sont d’une durée moyenne de 20 minutes.  Dans ma classe titulaire de 26 élèves, il y a 9 élèves ayant un plan d’intervention et dans mon deuxième groupe de math, il y a 7 élèves ayant un plan d’intervention.  Pour la majorité, la rétention est faible, la répétition est quotidienne, l’appui aux parents et des parents est primordial et chaque élève est très unique.  Les vidéos répondent immédiatement à deux besoins : sauver du temps de répétition pendant un cours (pour vrai dire, ce temps avait habituellement lieu à l’extérieur des heures de cours aux temps de récréations et diners!), et inclure le parent davantage aux apprentissages de leur enfant.  Trop souvent j’entendais : Cela se passe bien en classe, mais j’oublie quoi faire une fois à la maison  ou bien J’aimerais bien aider mon enfant, mais je ne comprends pas la matière et / ou mon enfant me dit que j’apporte tout simplement de la confusion.  Ces commentaires diminuent sinon disparaissent.

Quant à mes besoins professionnels, j’avais besoin de changement.  J’avais le goût d’intégrer davantage les TIC, mais je ne savais pas par où ou avec quoi commencer.  La pédagogie inversée alimente mes lectures.  Ces lectures présentent différents outils technologiques qui facilitent l’interaction entre les élèves, la productivité en salle de classe et à la maison,  ma rétroaction presque immédiate à l’élève et ma gestion des différences.   Mes besoins personnels tels que : ne plus être en mode de survie, mieux dormir, être moins fatiguée en fin de journée, interagir fréquemment avec mes élèves et mes collègues, retrouver ma passion en enseignement et ne plus penser à mon travail quand en famille  diminuent aussi.

Il n’est plus question du pourquoi, mais du comment!

  • Comment mieux gérer les élèves n’ayant pas d’accès internet à la maison afin de diminuer la fracture numérique?
  • Comment trouver les meilleurs sites interactifs qui permettront le partage de questions et même de réponses entre mes groupes?
  • Comment puis-je mieux observer les interactions entre les élèves afin de faire mes groupes de travail?  Mes évaluations formatives?  Mes rétroactions immédiates?
  • Comment rendre mes vidéos plus intéressantes qui mènent à un questionnement de haut niveau?
  • Comment amener mes élèves à faire leurs propres vidéos?
  • Comment faire voir la richesse et le potentiel de cette pédagogie à d’autres collègues francophones?

Ce sont des questions auxquelles je tenterai de répondre lors d’un  prochain billet,  après un peu plus de lectures,  après un peu plus de vécu!

32 commentaires sur « À la découverte de la classe inversée: le pourquoi »

  1. Ta démarche et ton questionnement sont très intéressants. Tu as raison de dire que c’est plus qu’une stratégie, c’est une philosophie; le piège de tomber dans une ‘technique’ pédagogique (un oxymore) est grand. « Tips on how to » ceci, « Easy steps for » cela…

    Ce qui m’intéresse ici, ce sont les questions que tu poses à la fin de ton billet. Certaines peuvent être répondues par ton milieu (école, district…) ex. La mise en oeuvre d’une stratégie AVAN couplée avec un programme de dotation en appareils, ciblé vers ceux qui n’en ont pas. D’autres dépendent de toi : développer son réseau professionnel s’étendant au-delà de ton école (ce que tu fais déjà). Mais les questions les plus importantes à mon avis sont celles que tu poses par rapport à tes interventions au quotidien : niveau de questionnement, différenciation pédagogique, évaluation formative…
    Je reste convaincu que les TIC t’assisteront (comme un levier) à proposer des actions pédagogiquement efficaces.
    Bravo Annick et bon courage! (Ce courage si important, selon Ron Canuel…)

    Jacques

    1. Merci Jacques. En effet, je développe mon réseau professionnel. Je fais des petits pas et je consulte beaucoup. C’est tout un processus qui est lent, j’avoue. Mais je préfère lent avec beacoup de réflexion que faire vite sans y réfléchir! Les TIC ne manquent pas, c’est le temps afin de me familiariser, de comprendre et de choisir lequel me servira mieux.
      Au plaisir, Annick

  2. Excellent article !! Une superbe introduction au concept.

    Ma seule réserve (et je m’excuse déjà de la soulever) est l’utilisation de l’expression pédagogie inversée qui me semble inappropriée pour expliquer la situation. En anglais, ils n’utilisent pas inverted pedagogy ou flipped pedagogy, mais bien inverted classroom ou flipped classroom pour bien illustrer que c’est le déroulement de la classe qui est inversé (théorie avant le cours, exercice et assimilation pendant le cours) et non la relation pédagogique entre le professeur et les étudiants. Comme vous le dites si bien,  »Il y a donc plus de temps consacré aux activités signifiantes, au travail collaboratif, au questionnement de haut niveau, et à la différenciation. À mon avis, ce sont des préceptes qui rendent un cours riche et signifiant. »

    Puisque les étudiants prennent leurs notes avant les cours, le professeur a plus de temps de classe pour d’utiliser les méthodes et activités pédagogiques traditionnelles (travail d’équipe, apprentissage par les pairs, etc) qui aidaient déjà les élèves, mais qui étaient difficiles à appliquer par manque de temps.

    Par exemple, on pourrait dire la classe inversée ou classe renversée au lieu de la pédagogie inversée.

    Au plaisir de continuer de vous lire et de partager vos découvertes !!

    1. Je ne suis pas un spécialiste de cette flipped classroom, j’ai juste 4 enfants. S’ils doivent préparer tous leurs cours avant le cours en classe, a-t-on pensé aux temps qui leur est nécessaire aussi en dehors de la classe pour vivre etr s’ouvrir au monde autrement que dans les livres? Le professeur a plus de temps en classe et l’élève n’a plus de temps à lui en dehors de la classe. A priori, je suis contre… mais je vais me renseigner aussi.
      Bravo pour les questions que votre article suscitent.

      1. Stéphane,
        Je vous invite à visiter mon Scoopit! (voir liste de déroulement à ma page titre). Il s’agit de nombreux articles qui expliquent peut-être mieux que je le fais. Contrairement à ce que vous dites, il n’y a plus de livres à la maison. Le visionnement de vidéos qui varient entre 2 à 12 minutes deviennent les devoirs. Les parents participent davantage à ce que vivent les élèves en salle de classe (en visionnant souvent avec eux) et les travaux sont faits en classe.

    1. Félicitations Annik pour ainsi te lancer, tu es ma découverte d’aujourd’hui et c’est très généreux à toi que d’écrire ton cheminement! Beau partage et si tu as des questions, compte-moi dans ton réseau car j’ai plus de réponses présentement que de problèmes :).
      Au plaisir
      @nilremsteph

  3. Bonjour Annick
    Nous arrivons aux mêmes questions (c’est peut être le propre de cette démarche !).
    Une chose est sûre, c’est une autre conception du métier et il faut accepter de changer sa place et son rôle dans la classe.
    Au plaisir de partager…

  4. Merci Annick pour votre article. C’est passionnant. J’enseigne le français en France, dans la banlieue de Paris et j’aimerais beaucoup développer la pédagogie inversée. Mais pour l’instant, cela n’est pas connu. Pour tout vous dire, quand j’en parle dans mon milieu professionnel, on me regarde comme si j’arrivais de Mars !
    Au plaisir de vous lire.

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